De nos jours, les bases de données sont des composants incontournables des serveurs web et des applications en ligne, qui fournissent du contenu dynamique. Des données secrètes ou critiques peuvent être stockées dans les bases de données : il est donc important de les protéger efficacement.
Pour lire ou stocker des informations, vous devez vous connecter au serveur de bases de données, envoyer une requête valide, lire le résultat et refermer la connexion. De nos jours, le langage le plus courant pour ce type de communication est le langage SQL (Structured Query Language). Voyez comment un pirate peut s'introduire dans une requête SQL.
Comme vous pouvez le réaliser, PHP ne peut pas protéger vos bases de données pour vous. La section suivante vous introduira aux notions de base pour protéger vos bases de données, lors de la programmation de vos scripts.
Gardez bien cette règle simple en tête : la défense se fait par couches. Plus vous ajouterez de tests pour protéger votre base, plus faible sera la probabilité de réussite d'un pirate. Ajoutez à cela un bon schéma de base de données, et vous aurez une application réussie.
La première étape est de créer une base de données, à moins que vous ne souhaitiez utiliser une base de données déjà créée. Lorsque la base de données est créée, un utilisateur propriétaire en est responsable. Généralement, seul le propriétaire (et le super utilisateur) peuvent intervenir avec les tables de cette base, et il faut que ce dernier donne des droits à tous les intervenants qui auront à travailler sur cette base.
Les applications ne doivent jamais se connecter au serveur de bases de données sous le nom du propriétaire ou de l'administrateur, car ces utilisateurs ont des droits très importants, et pourront exécuter n'importe quelle requête, comme par exemple la modification de tables, l'effacement de lignes ou même encore, la destruction de la base.
Vous pouvez créer différents utilisateurs de bases de données pour chaque aspect de votre application, avec des droits limités aux seules actions planifiées. Il faut alors éviter que le même utilisateur dispose des droits de plusieurs cas d'utilisation. Cela permet que si des intrus obtiennent l'accès à la base avec l'un de ces jeux de droits, ils ne pourront pas affecter toute l'application.
Il est recommandé de ne pas implémenter toute la logique fonctionnelle dans l'application web (c'est-à-dire dans vos scripts), mais d'en reporter une partie dans la base en utilisant les triggers, vues et règles. Si le système évolue, les nouvelles versions vous feront réécrire toute la logique et donc tous vos scripts. De plus, l'utilisation de trigger permet de gérer de manière transparente des données, et fournit des indications pour déboguer votre application.
Il est recommandé d'établir des connexions au serveur avec le protocole SSL, pour chiffrer les échanges clients/serveur, afin d'améliorer la sécurité. Vous pouvez aussi utiliser un client SSH pour chiffrer la connexion entre les clients et le serveur de bases de données. Si l'une de ces deux protections est mise en place, il sera difficile de surveiller votre trafic et de comprendre les informations échangées.
Les protocoles SSL/SSH protègent les données qui circulent entre le serveur et le client, mais SSL/SSH ne protègent pas les données une fois dans la base. SSL est un protocole en ligne.
Une fois que le pirate a obtenu l'accès direct à votre base de données (en contournant le serveur web), les données sensibles, stockées dans votre base sont accessibles directement, à moins que les données de la base ne soient protégées par la base. Chiffrer les données est une bonne solution pour réduire cette menace, mais très peut de bases de données offrent ce type de chiffrement.
Le moyen le plus simple pour contourner ce problème est de créer votre propre logiciel de chiffrement, et de l'utiliser dans vos scripts PHP. PHP peut vous aider dans cette tâche grâce aux nombreuses extensions dont il dispose, comme par exemple Mcrypt et Mhash, qui connaissent un large éventail de méthodes de chiffrement. Le script PHP va chiffrer les données qui seront stockées, et les déchiffrer losrqu'elles seront relues. Voyez la suite pour des exemples d'utilisation de ce chiffrement.
Dans le cas de données vraiment sensibles, si la représentation originale n'est pas nécessaire (pour affichage, ou comparaison), utiliser un hash est une bonne solution. L'exemple classique est le stockage de mots de passe dans les bases de données, après les avoir passé au MD5. Voyez les fonctions crypt() et md5().
De nombreux développeurs web ne sont pas conscients des possibilités de manipulation des requêtes SQL, et supposent que les requêtes SQL sont des commandes sûres. Cela signifie qu'une requête SQL est capable de contourner les contrôles et vérifications, comme par exemple les identifications et authentifications, et parfois, les requêtes SQL ont accès aux commandes d'administration.
L'injection SQL directe est une technique où un pirate modifie une requête SQL existante pour afficher des données cachées, ou pour écraser des valeurs importantes, ou encore exécuter des commandes dangereuses pour la base. Cela se fait lorsque l'application prend les données envoyées par l'internaute, et l'utilise directement pour contruire une requête SQL. Les exemples ci-dessous sont basés sur une histoire vraie, malheureusement.
Avec le manque de vérification des données de l'internaute et la connexion au serveur avec des droits de super utilisateur, le pirate peut créer des utilisateurs, et créer un autre super utilisateur.
Exemple 15-6. Séparation des résultats en pages, et créer des administrateurs (PostgreSQL et MySQL)
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// cas de PostgreSQL 0; insert into pg_shadow(usename,usesysid,usesuper,usecatupd,passwd) select 'crack', usesysid, 't','t','crack' from pg_shadow where usename='postgres'; -- // cas de MySQL 0; UPDATE user SET Password=PASSWORD('crack') WHERE user='root'; FLUSH PRIVILEGES; |
Note : C'est une techinque répandue que de forcer l'analyseur SQL d'ignorer le reste de la requête, en utilisant les symboles -- pour mettre en commentaire.
Un moyen possible pour accéder aux mots de passe est de contourner la recherche de page. Ce que le pirate doit faire, c'est simplement voir si une variable du formulaire est utilisée dans la requête, et si elle est mal gérée. Ces variables peuvent avoir été configurées dans une page précédente pour être utilisées dans les clauses WHERE, ORDER BY, LIMIT et OFFSET des requêtes SELECT. Si votre base de données supporte les commandes UNION, le pirate peut essayer d'ajouter une requête entière pour lister les mots de passe dans n'importe quelle table. Utiliser la technique des mots de passe chiffrés est fortement recommandé.
Les commandes UPDATE sont aussi sujettes à des attaques de votre base de données. Ces requêtes peuvent aussi introduire toute une nouvelle requête dans votre commande initiale. Mais en plus, le pirate peut jouer sur la commande SET. Dans ce cas, il doit connaitre un peu votre base de données. Cela peut se deviner en examinant les noms de variables dans les formulaires, ou simplement, en testant les cas les plus classiques. Il n'y a pas beaucoup de conventions de nommination pour stocker des noms d'utilisateurs et des mots de passe.
C'est un exemple terrible d'acquisition de droits d'administrateur sur un serveur de base de données.
Note : Certains des exemples ci-dessus sont spécifiques à certains serveurs de bases de données. Cela n'empêche pas des attaques similaires d'être possibles sur d'autres produits. Votre base de données sera alors vulnérable d'une autre manière.
Vous pouvez prétendre que le pirate doit d'abord obtenir des informations sur le schéma de la base de données, dans la plupart des cas d'injections. C'est vrai, mais vous ne saurez jamais comment ni quand ces informations auront filtré, et si cela arrive, votre base de données sera en grand danger. Si vous utilisez une base de données Open Srouce, ou une base qui est du domaine public, ou encore un schéma qui appartient à un système de gestion de contenu ou d'un forum, le pirate peut facilement se procurer une copie du code que vous utilisez. Cela peut être un risque potentiel si la base a été mal conçue.
Ces attaques sont généralement basées sur l'exploitation de code qui n'est pas écrit de manière sécuritaire. N'ayez aucune confiance dans les données qui proviennent de l'utilisateur, même si cela provient d'un menu déroulant, d'un champ caché ou d'un cookie. Le premier exemple montre comment une requête peut causer un désastre.
Ne nous connectez jamais sur une base de données en tant que super utilisateur ou propriétaire de la base. Utilisez toujours un utilisateur adapté, avec des droits très limités.
Vérifiez que les données ont bien le type attendu. PHP dispose d'un éventail de fonction de validation large, depuis les plus simples, de la section Variables et la section Caractères (e.g. is_numeric(), ctype_digit() respectivement) aux fonctions avancées de Expression régulière Perl.
Si l'application attend une entrée numérique, vérifiez vos données avec la fonction is_numeric(), ou bien modifiez automatiquement le type avec la fonction settype(), ou encore avec sprintf().
Exemple 15-13. Une navigation de fiches plus sécuritaire
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Mettez entre guillemet toutes les valeurs non numériques qui sont passées à la base de données, et protégez-vous des guillemets dans les valeurs avec la fonction addslashes() ou addcslashes(). Voyez le premier exemple. Comme les exemples l'on montré, les guillemets statiques peuvent être facilement contournés.
N'affichez jamais d'informations spécifiques à la base, et notamment des informations concernant le schéma. Voyez aussi la section Rapport d'erreur et le chapitre Gestion des erreurs.
Vous pouvez avoir des procédures stockées et des curseurs prédéfinis qui font que les utilisateurs n'ont pas un accès direct aux tables ou vues, mais cette solution a d'autres impacts.
A coté de ces conseils, il est recommandé d'enregistrer vos requêtes soit dans vos scripts soit dans la base elle-même, si elle le supporte. Evidemment, cet enregistrement ne sera pas capable d'empêcher une attaque, mais vous permettra de retrouver la requête qui a fauté. L'historique n'est pas très utile par lui-même, mais au niveau des informations qu'il contient. Plus vous avez de détails, mieux c'est.
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